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Après Ghosn : Nissan souhaite Jean-Dominique Senard comme administrateur

Le conseil d'administration de Nissan a proposé mardi la nomination du nouveau président de Renault, Jean-Dominique Senard, au poste d'administrateur laissé vacant par l'arrestation de Carlos Ghosn, emprisonné au Japon sur des soupçons de malversations financières.

L'annonce a été saluée en France comme "une très bonne nouvelle" par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. "Cela participe à la normalisation des relations entre Nissan et Renault", a-t-il réagi dans un message transmis à l'AFP. L'Etat français est le premier actionnaire de Renault, avec 15 % du capital et 22 % des droits de vote, et le constructeur français détient 43 % de Nissan.

Les relations entre les deux partenaires se sont tendues ces dernières semaines, après les accusations publiques du constructeur japonais contre Carlos Ghosn, qui cumulait les fonctions de PDG de Renault et de président de Nissan et Mitsubishi, ses deux partenaires japonais.

La désignation de M. Senard au conseil d'administration de Nissan ne sera effective qu'après approbation des actionnaires lors d'une assemblée générale extraordinaire dont la date a été fixée au 8 avril, selon un communiqué du constructeur automobile japonais.

A cette occasion, les actionnaires seront aussi appelés à voter la destitution de M. Ghosn et de son bras droit Greg Kelly, a précisé Nissan. Bien que démis de leurs fonctions, peu après leur interpellation le 19 novembre à Tokyo, ils gardent leur titre d'administrateur tant que l'AG n'a pas acté cette éviction.

Le groupe n'a pas prévu à ce stade de remplacer M. Kelly.

Après le 8 avril, M. Senard, personnalité saluée par le patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, comme un homme "avec qui on peut discuter", pourra donc siéger au conseil d'administration de Nissan. Mais il n'a pas encore été décidé qui en prendrait la tête.

Aucun successeur à M. Ghosn n'a pour l'instant été nommé. M. Saikawa pensait initialement assurer l'intérim, selon les médias japonais, mais il a finalement préféré temporiser.

Le choix d'un nouveau président n'interviendra probablement pas avant juin, une fois reçues les conclusions du comité chargé d'améliorer la gouvernance de Nissan suite aux lacunes révélées par l'affaire Ghosn, avait précisé M. Saikawa en janvier.

Le comité s'est déjà réuni deux fois et doit rendre un rapport fin mars. Son président estimait récemment que la "concentration excessive d'autorité dans les mains d'une seule personne" était à l'origine des dérives au sein de Nissan, visant implicitement Carlos Ghosn.

Rappelons que l'ancien patron emblématique de l'alliance franco-japonaise est inculpé d'abus de confiance et minoration de revenus aux autorités boursières de 2010 à 2018.

Samir BENARAB